![](janovas5_min.gif)
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L'Ara,
rivière née dans les Pyrénées aragonaises, à la
frontière française, se jette à Ainsa dans le Cinca un des
principaux affluents de
l'Ebre.
Un
projet de barrage remontant à 1917 et abandonné
seulement en 2001 a provoqué expropriations et
déracinements, dévitalisé une partie de la
vallée et contribué ainsi à saper les équilibres
naturels et socio-économiques déjà fragilisés
d'une région de montagne . Il a accentué , sur les
rives du río Ara et la Solana
, le dépeuplement
déjà bien engagé du Sobrarbe,
une des régions les moins densément peuplées d'Espagne
et d'Europe
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-
- l'hémorragie démographique
- du Sobrarbe
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- La zone des estives au pied
- du Monte Perdido
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L'Ara, dépourvu d'aménagements hydrauliques jusque là
, et donc encore sauvage, est l'un des derniers cours
d'eau typiquement pyrénéen. Il en est de même de l'un
de ses affluents , l'Arazas, protégé, lui, depuis la
création du Parc national d'Ordesa ,
au pied du Monte Perdido, le massif calcaire le plus
élevé d'Europe.
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- Le río Arazas
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Un
projet remontant à 1917
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![](janovas_site_foto.jpg)
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Pourquoi en ce lieu ?
Si le premier projet remonte à
1917, c'est avec celui de 1951 - à l'époque d'une dictature
franquiste soucieuse alors d'amorcer un nouveau
développement économique -que se dévoilent pleinement les
intentions d'aménagement de la vallée. A quiconque ignore ou
veut ignorer les conséquences environnementales
sociales et économiques d'un tel projet, le site
présente des avantages :
- Pour le lac de retenue
principal : une vallée pyrénéenne (à environ 700m
d'altitude), qui s'élargit et dont la pente s'affaiblit
entre Fiscal et Jánovas.
- Pour le barrage :un
rétrécissement de la vallée entre Jánovas
et Boltaña, lorsque le río Ara traverse l'anticlinal
de Boltaña .
- Pour la
centrale principale : une dénivellation forte
entre Jánovas (720 m) et Boltaña (580m ) exploitable
par une conduite forcée capable de fournir
une grande puissance à des turbines situées 120 m plus
bas.
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Evolution du projet et atermoiements
(1917-2001)
quels objectifs ?
-
En 1917,
fournir de l'eau à quelques activités industrielles ou
artisanales le long du cours de l'Ara. Mais le
temps passe et rien ne se fait
-
en 1945,
une concession est accordée à Iberduero; A partir de
1951 - on prévoit les expropriations et on
affirme les objectifs :
-
produire
de l'hydro-électricité pour répondre aux besoins
de l'industrie dans la vallée de l'Ebre
-
satisfaire
en aval les besoins de l'agriculture irriguée du
Somontano et de la vallée de l'Ebre . Ce projet
rentre, en effet, dans une politique globale
d'aménagement du bassin du río
Cinca avec les retenues de Mediano
et de El Grado
Liens
externes sur l'histoire du barrage
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- Congosto
de Jánovas et
anticlinal de Boltaña
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![](janovas_site_foto2.jpg)
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quel projet technique ?
Plusieurs
niveaux de retenue ont été étudiés entre les cotes
710m et 746 m ( cette dernière en 1972). Dans les années
60 et 70, à l'époque de la dictature franquiste les
expropriations ont été réalisées sans ménagement, mais
aucune solution technique précise ne s'imposa, et si
d'autres projets dans le bassin du Cinca ont été menés à
bien, rien de décisif ne fut ici construit.
A l'époque
post-franquiste le projet est repris, précisé,
remanié; dans ses grandes lignes; en 1993 il
prévoit un complexe hydro-électrique composé
-
avant
tout d'une prise d'eau à la cote 710 m,
-
d'une
conduite forcée de 111m de dénivellation jusqu'à la
centrale dite de Jánovas, à la sortie du congosto
de Jánovas.
-
d'une
seconde retenue en aval près de Ainsa
-
et d' une
centrale alimentée par le río Ara
et les eaux du Cinca dérivées par conduites à partir
d'un barrage prévu à Escalona.( projet de 1993)
|
Mais
finalement en 2001; le gouvernement Aznar,
pourtant très favorable au développement des équipements
hydrauliques ( v. ci-après PNH), finit par
renoncer à la construction du barrage de Jánovas
suite à une étude d'impact environnemental "négative" . Un renoncement
définitivement confirmé en 2005.
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JÁNOVAS
un
maillon du système hydraulique du bassin du Cinca et de
l'Ebre
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- La centrale de La Fortunada
- Les Pyrénées véritable
château d'eau, contrastant avec l'aridité de
la partie centrale de la vallée de l'Ebre
|
-
Le Cinca, dans lequel se
jette l'Ara à Ainsa
a constitué une pièce maîtresse de la politique
de l'eau dans le bassin de l'Ebre
:
-
la
réalisation de conduites forcées, et de canaux d'amenée
fournit la force hydraulique aux barrages s'échelonnant
dans la vallée en amont de Ainsa. Ces barrages
permettent de produire de l'électricité et de
participer à la modernisation du pays mais
seulement en aval car dans
cette vallée pyrénéenne aucune implantation
industrielle majeure n'a vu le jour
contrairement à ce qui s'est passé . autour de Sabiñanigo dans la vallée du Gallego.
- Irrigation dans la basse vallée
du río Cinca
|
-
Canal Cinca alimenté
par le barrage de El
Grado
- Barrage de El Grado
Liens
externes :
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-
- vue
panoramique de la partie nord de la retenue de
Mediano
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Le bas Cinca
![](monzon_sud.jpg)
agriculture
irriguée de la vallée du Cinca au sud de Monzón
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"De
l'eau et de l'énergie pour l'extérieur "
"...solo
querían agua, montañas y electricidad."
El
Pais perdido,
Ronda de Boltaña
Dans son étude sur le
dépeuplement du Sobrarbe(1) José María Cuesta souligne, le double sort
réservé de facto à cette région lors de
l'intégration du Sobrarbe -espace périphérique-
à l'espace national - ou central -au XXe
siècle : producteur d'énergie et d'eau d'une part,
réserve d'espace d'autre part. L'électricité est dirigée
vers la Catalogne et la France ou vers Monzón
ou Huesca et Saragosse. Quant à l'irrigation si
elle a fortement progressé en aval grâce aux barrages
d'amont, elle a en revanche reculé de près de 20% entre
1945 et 1994 en Sobrarbe.
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Le haut Cinca
![](mediano_clocher.jpg)
Le clocher du
village englouti de Mediano
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-
- La
nécessité d'une
- politique
hydraulique
- réflexion de
Joaquín Costa 1846-1911,
réformateur de la "génération de 1898"
-
- L'
Espagne est un fleuve à sec
-
- "¡España es
un río seco!... se necesita una civilización que apague
la sed de agua que abrasa a los campos, y la sed de
saber y luz que padecen los cerebros"
- Política hidraúlica,
cité dans les notes de Tiempo de silencio de
Luis Martín Santos,Crítica 2005
- http://www.eumed.net/ce/2004/efc-hidrau.htm
- http://www.eumed.net/cursecon/economistas/costa.htm
La Confédération
hydrographique de l'Ebre
- données
SIG remarquables
Organisme public gestionnaire
du bassin de l'Ebre depuis 1926, il a inscrit son
action dans le prolongement de la réflexion de Joaquín
Costa ( lire l'introduction et voir les affiches
anciennes incluses dans le rapport
d'activités 2001)
|
de transfert en transfert
Finalement le
barrage de Jánovas pouvait constituer
un maillon supplémentaire du programme hydraulique
aragonais en faveur du Somontano et de la vallée de
l'Ebre... mais dans une politique globale qui peut donner
le vertige, on pouvait concevoir d'autres transferts
ce qui fut proposé par le gouvernement de J.M. Aznar dans
le cadre du plan hydrológico
nacional (PHN) impulsé
en 2001 ( plan aujourd'hui profondément remis en
cause ) :
-
transvasement
d'une partie des ressources en eau du bassin de l'Ebre
vers les régions méridionales très consommatrices
d'eau (agriculture et tourisme) dans les huertas
notamment de Valence et Murcie. Projet très contesté
en Aragon région plus sèche dans la vallée de l'Ebre
que celle de Murcie.
-
et même, si
l'Europe avait donné son feu vert,
transvasement du Rhône à la Catalogne.
Un projet
grandiose ne mesurant pas suffisamment , une nouvelle fois
encore , l'impact environnemental et social, privant le
Haut-Aragon de ses ressources, et ne remettant en
question ni les gaspillages en eau ni une agriculture
productiviste qui ignore facilement que l'eau n'est pas un
bien inépuisable.
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La politique de l'eau en Espagne
Liens externes sur le
PNH de 2001
- Liens sur le programme
A.G.U.A. de 2004
- (actuaciones para la gestión y la
utilización del agua)
autres liens
pour enrichir le débat
- Riegos
del Alto Aragón
- Coagret
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Finalement le barrage ne se fera pas, mais peut-on se
contenter d'écrire comme le fait une brochure
touristique du Sobrarbe : "Lors de
nos promenades il est fort recommandable de
parcourir... le village sauvé de l'inondation,
Janovas"... C'est oublier un peu vite que le mal
est fait , que le village est en ruines, qu'il n'y a
plus aucun habitant, que des vies ont été brisées, que
des équilibres économiques et sociaux ont été
détruits, que pressions et répressions se sont
exercées à l'encontre de tous ceux qui contestaient
une telle politique. Le site de Jánovas
très vivant autrefois peut apparaître si lugubre à
certains moments que des touristes
pressés pensent qu'il s'agit d'un village
détruit pendant la guerre civile...
Le barrage ne
se fera pas mais le mal est fait
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bientôt...
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bientôt ...
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