Le grand,
l'immense succès de Balzac lui est venu par les femmes : elles ont
adoré en lui l'homme qui a su avec éloquence, par de l'ingéniosité
encore plus que par la vérité, prolonger chez elles l'âge
d'aimer et surtout celui d'être aimées . Cette galanterie,
en quarante ou cinquante volumes in-8°, les a exaltées comme
le ferait le fanatisme d'une religion nouvelle.
Balzac leur a apporté du pays de son imagination, de la Palestine
de son idéal, un Evangile amoureux. C'est une religion d'amour, pas
moins qu'il a fondée. Elle durera ce qu'elle pourra; là n'est
pas la question.
A ce premier et formidable élément de succès il en
a joint un autre qui a complété sa théorie chevaleresque
. Non seulement il a rendu les femmes dignes d'être aimées
jusqu'à l'âge où autrefois elles se souvenaient à
peine d'avoir été aimées, mais il a pris le parti héroïque
de les présenter toujours comme victimes, même comme victimes
de leur propre infidélité.
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