« UN ENSEIGNEMENT DEMOCRATIQUE

(qui) DONNE SATISFACTION AUX AMBITIONS LEGITIMES »

Octave Gréard, vice-recteur de l’Académie de Paris, 1887

Une possibilité de promotion sociale pour « la petite classe moyenne »

                                                           

                                        

 

   Les listes des élèves sortis de l’EPS de garçons de Tours révèlent les origines sociales : les fils d’artisans et d’employés dominent très nettement ; mais commerçants, ouvriers, fonctionnaires ne sont pas absents. En revanche, les professions libérales, en dehors de très rares exceptions, n’envoient pas leurs enfants à l’EPS

(  tableaux de recrutement de l’EPS).

 

   Comme le souligne Octave Gréard, dans un style quelque peu paternaliste, cet enseignement  doit permettre la promotion so­ciale des enfants de la « petite classe moyenne » :

 

 

« c’est un enseignement démocratique par excellence. Il élève le niveau de l’instruction et de la moralité de la petite classe moyenne ; il appelle et il appellera de plus en plus l’élite de la population ouvrière. Ouvrant à tous l’accès des carrières où les études secondaires ne sont pas nécessaires, il donne satisfaction aux ambitions légitimes, sans surexciter les prétentions aveugles aussi décevantes pour les individus que fatales à la société »

 

 

 

Que deviennent en fait les enfants de cette petite classe moyenne, à la fin du XIXe siècle  et au début du XXe siècle ?

 

·        Beaucoup quittent l’école avant d’avoir terminé leurs études et obtenu leur certificat d’études primaires supérieures : 9 sur 10 à l’EPS de Tours à la fin du XIXe siècle , encore 2 sur 3 en 1923

·        Les élèves devenus employés de bureau sont deux fois plus nombreux que les parents de même profession.

·        Nombreux sont les fils d’artisans qui deviennent artisans ou ouvriers spécialistes.

·        Peu d’élèves poursuivent  des études au-delà de l’EPS, quelques uns entrent à l’Ecole Normale

( v. renseignements sur la destination des élèves sortis de l’EPS en 1892).

 

   Finalement l’EPS offre à la majorité de ces enfants de la « petite classe moyenne » une promotion limitée. Les écoles primaires supérieures s’adressent à une clientèle sociale plus large que celle des Lycées, essentiellement bourgeoise … nous sommes encore loin d’une véritable démocratisation : peu de fils de paysans à Paul-Louis Courier , d’autant que l’internat fait défaut ; rares sont le fils d’ouvriers . la majorité des enfants quittent donc l’école  ( en 1924 400 000 jeunes seulement, en France, suivent un enseignement primaire supérieur ou secondaire contre plus de 5 millions aujourd’hui) .

 

      Néanmoins au fur et à mesure de la croissance de l’école, plus nombreux sont les élèves au sortir de l’EPS Paul-Louis Courier, à poursuivre leurs études dans des écoles plus spécialisées, ENP, Ecoles d’agriculture, Ecoles normales, Ecoles des Arts et Métiers ( 20 au total en 1922) ; nombre d’entre eux deviendront  donc instituteurs, ingénieux, cadres administratifs. Ajoutons qu’avec le brevet d’études primaires supérieures, les élèves ont un niveau d’études qui leur permet par la suite de passer des concours et d’améliorer ainsi leur situation sociale.