Notre intention n'est pas de proposer
une monographie exhaustive de Notre-Dame d'Oé, mais plutôt
une étude des mécanismes de l'expansion urbaine et de la périurbanisation,
au travers de l'exemple de Notre-Dame d'Oé, une petite commune bien
structurée où les paysages et les étapes du développement
se lisent facilement .
Dans le cadre d'un "système-urbain
en expansion dans un espace-temps en contraction " ( La France des
Villes, op. cit.), Notre-Dame d'Oé subit, comme tant de communes
périurbaines, de fortes pressions externes sous l'effet de :
- l'extension des zones d'activités le long
des axes routiers ,
- la réalisation de nouveaux axes routiers
et autoroutiers,
- l'essor de l'habitat pavillonnaire.
Notre-Dame d'Oé subit également
, comme toutes les communes périurbaines, les pressions internes
des nouveaux citadins attirés par l'environnement rural et les prix
assez faibles des terrains à bâtir, mais qui souhaitent en
même temps obtenir le maximum de commodités "urbaines"
.
Se pose alors à la municipalité, représentant
désormais les néo-citadins, le problème de la maîtrise
de ce développement , du maintien ou de la création d'une
identité locale, de la création d'activités et de services
pour limiter les migrations pendulaires et animer une commune que l'on voudrait
moins dortoir.
Mais le développement de Notre-Dame d'Oé a aussi ses caractéristiques
propres liées à sa localisation par rapport à la ville
de Tours et à sa population composée à 90 % de propriétaires
, essentiellement de pavillons :
Notre-Dame d'Oé à 3 km de Tours-Nord n'est pas une banlieue
dans la continuité du bâti de la ville-centre même si
elle est limitrophe de Tours. La forte croissance urbaine liée aux
Trente Glorieuses a surtout transformé le Sud et les ailes Ouest
et Est de l'agglomération tourangelle. Le Nord s'est également
transformé, mais d'abord dans le cadre des limites de la ville de
Tours qui a annexé en 1964 les communes voisines de Saint-Symphorien
et de Sainte-Radegonde qui sont en quelque sorte des banlieues caractéristiques
des premières et secondes couronnes, bien qu'à l'intérieur
de la ville-centre.
Légèrement à l'écart de la N10 et du CD29
le coeur de Notre-Dame d'Oé a donc été relativement
épargné par le mouvement d'urbanisation jusqu'en 1970, et
une coupure verte et rurale sépare alors nettement Tours-nord de
la commune : quelques phénomènes propres à la rurbanisation
sont toutefois observables . L'essor de Notre-Dame d'Oé s'effectue
donc essentiellement après le début de la crise alors que
l'expansion urbaine connaît ailleurs un certain tassement.
La rareté des espaces libres et le prix élevé des
terrains sur Tours-nord ou au Sud de l'agglomération , la nécessité
de réaliser des voies rapides au niveau local ou national, la liaison
plus facile avec Paris ont conduit alors à de nouvelles implantations
en direction du plateau Nord-est menaçant sérieusement la
tranquillité de cette petite commune.
Par cette étude, nous avons donc voulu placer les Oésiens
devant l'évolution inéluctable de leur commune : la disparition
définitive de l'espace interstitiel entre leur commune et Tours et
donc d'un environnement rural au Sud ; les communes rurbaines sont désormais
situées plus loin comme Beaumont-la-Ronce par exemple.
Nous espérons donc favoriser une prise de conscience, non pour
refuser la marche implacable de l'agglomération, mais pour infléchir
certains choix, certaines tendances afin de préserver le maximum
d'un cadre de vie auquel les Oésiens restent très attachés
Michel Le Goff |