Quel pouvoir

de séduction ?

C'était un petit homme avec une grosse taille, qu'un vêtement mal fait rendait encore plus grossière; ses mains étaient magnifiques; il avait un bien vilain chapeau, mais aussitôt qu'il se découvrit tout le reste s'effaça . Je ne regardai plus que sa tête...; vous ne pouvez pas comprendre ce front et ces yeux-là, vous qui ne les avez pas vus : un grand front où il y avait comme un reflet de lampe et des yeux bruns remplis d'or, qui exprimaient tout avec autant de netteté que la parole . Il avait un gros nez carré, une bouche énorme, qui riait toujours malgré ses vilaines dents ; il portait la moustache épaisse et ses cheveux très longs rejetés en arrière; à cette époque quand il nous arriva, il était plutôt maigre et nous parut affamé ... Il dévorait le pauvre garçon affamé...... Enfin, que vous dirai-je ? Il y avait dans tout son ensemble, dans ses gestes, dans sa manière de parler, de se tenir, tant de confiance, tant de bonté, tant de naïveté, tant de franchise qu'il était impossible de le connaître sans l'aimer. Et puis, ce qu'il y avait encore de plus extraordinaire chez lui, c'était sa perpétuelle bonne humeur tellement exubérante qu'elle devenait contagieuse. En dépit des malheurs qu'il venait de subir, il n'avait pas été un quart d'heure au milieu de nous, nous ne lui avions pas encore montré sa chambre, et déjà il nous avait fait rire aux larmes le général et moi. (R. Du Pontavice de Heussey, Balzac e. Bretagne, Rennes, H. Caillière, 1885, p. 21-22.

Balzac vu par Madame de Pommereul

( femme d'un certain âge qui ne fut qu'une amie )
lors d'un séjour à Fougères en 1828




Si Balzac vivait dans notre société, aurait il autant de succès auprès des femmes ?